Joël Le Scouarnec : condamné pour 299 agressions, son avocat s’ôte la vie après le procès

La sidération est immense au sein du barreau de Rennes. Ce mercredi 9 juillet 2025, deux mois après le verdict historique du procès de Joël Le Scouarnec, condamné pour 299 agressions sexuelles, l’un de ses avocats, Me Maxime Tessier, s’est donné la mort.

Une disparition tragique qui soulève autant d’émotion que de questionnements.

Une figure marquante du procès Joël Le Scouarnec

Maxime Tessier n’était pas un inconnu du monde judiciaire. À seulement 34 ans, ce pénaliste talentueux s’était imposé comme l’un des visages du procès hors norme de Joël Le Scouarnec. Ouvert à Vannes en février 2025, le procès du chirurgien pédocriminel avait rassemblé près de 750 personnes et abouti, le 28 mai, à une condamnation à vingt ans de réclusion criminelle pour des violences sexuelles commises sur 299 victimes, en grande majorité mineures. Une audience d’une intensité rare, où Me Tessier, aux côtés de Me Thibaut Kurzawa, défendait un client qui avait reconnu les faits et accepté sa peine, et évité aux victimes l’épreuve d’une contestation.

Deux jours avant l’ouverture du procès, Me Tessier avait expliqué dans France 3 Bretagne la ligne de défense retenue : faire en sorte que Joël Le Scouarnec « assume ses responsabilités » et « exprime sa compassion ». Un positionnement délicat qu’il avait incarné avec retenue et humanité. Tous s’accordent à dire que l’avocat n’était pas sorti indemne de cette épreuve. Respecté pour son écoute, sa bienveillance et sa finesse d’analyse, il impressionnait par sa maturité. Mais cette implication totale aurait aussi laissé des traces profondes. Selon le parquet de Rennes, Maxime Tessier s’est suicidé dans la nuit du 8 au 9 juillet. Transporté au CHU de Rennes, il est décédé peu après. Une enquête est en cours, bien que la piste du suicide soit privilégiée.

Maxime Tessier, l’avocat de Joël Le Scouarnec, s’est donné la mort à 34 ans.

Tous ceux qui ont suivi ce procès se souviennent d’un homme brillant, d’une grande intelligence émotionnelle avec les victimes et profondément humaniste. Énorme choc. https://t.co/5tQHZloeCX pic.twitter.com/pfqUPzt4Qq

— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) July 9, 2025

Une onde de choc dans la profession, et un appel à mieux protéger les avocats

Depuis l’annonce de son décès, le monde judiciaire est en deuil. Catherine Glon, son associée au cabinet Avocats Liberté, se dit « anéantie » par la disparition de celui qu’elle qualifie d’« homme brillant et délicat ». Le bâtonnier de Rennes, Paul Delacourt, évoque quant à lui « l’un des plus brillants avocats pénalistes du barreau », un professionnel « empreint de finesse, qui avait l’intelligence du cœur ». D’autres confrères, comme Me Le Mintier ou Me Birrien, insistent sur la gentillesse, la loyauté et l’élégance de ce jeune avocat respecté même par les parties civiles. Mais au-delà des hommages, une inquiétude émerge. Le collectif des victimes de Joël Le Scouarnec a salué un avocat « dont l’humanité tranchait avec celle absente dans les yeux de son client », tout en appelant à une prise de conscience.

Dans leur communiqué, ils rappellent que « le lien entre son geste et l’affaire n’étant pas établi ce jour, nous ne ferons pas de raccourcis malsains ». Mais ils insistent : « Être au contact de la perversion aussi longtemps, en étant plongé dans ce qu’il y a de plus sordide, ne laisse pas indemne tout homme ou femme. » À leurs yeux, un accompagnement psychologique systématique pour les professionnels confrontés à des affaires de cette ampleur est devenu indispensable. Maxime Tessier laisse derrière lui une épouse, également avocate, et deux enfants en bas âge. Un hommage lui sera rendu ce jeudi 10 juillet à 18h au Parlement de Bretagne. Plus qu’un avocat brillant, c’est un homme profondément humain que la justice française vient de perdre.