Xavier Dupont de Ligonnès : les spécialistes donnent leur avis après l’enquête d’Aqababe

Depuis le 18 avril, l’influenceur Aqababe, suivi par plus d’un million de personnes, a décidé de relancer l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès en mobilisant sa communauté. En créant un canal Instagram dédié et une adresse mail pour recueillir les témoignages, il espère faire avancer l’enquête sur cet homme introuvable depuis 2011.

Mais cette initiative spectaculaire suscite de nombreuses réserves du côté des autorités et des spécialistes de l’enquête. Entre crainte de fausses pistes et scepticisme quant à l’efficacité de cette démarche citoyenne, les professionnels s’interrogent sur les conséquences de cette mobilisation sans précédent orchestrée sur les réseaux sociaux.

La mobilisation numérique autour de Xavier Dupont de Ligonnès agite les réseaux

Tout commence le 18 avril dernier lorsque, sur X, le blogueur Aqababe appelle sa communauté à l’aider à retrouver Xavier Dupont de Ligonnès. Très vite, il met en place des outils pour recueillir les signalements. À savoir, une adresse mail et un canal Instagram nommé « Retrouvons XDDL ». Ce dernier rassemble rapidement plus de 200 000 abonnés. Témoignages, photos, vidéos, parfois agrémentés de comparaisons avec des outils d’intelligence artificielle, s’y multiplient. Aqababe affirme recevoir plus de 100 000 mails en quelques jours, qu’il dit « tous lire un par un » pour tenter d’identifier une piste crédible.

Lorsqu’il estime une information sérieuse, il affirme la transmettre aux autorités compétentes. Cependant, malgré cet élan collectif impressionnant, aucune avancée significative n’a été annoncée. Les photos reçues de Xavier Dupont de Ligonnès sont souvent peu concluantes, et les témoignages manquent de vérifiabilité. Si l’initiative semble sincère et déterminée, elle montre aussi les limites d’une enquête amateur face à une affaire criminelle complexe. Qui plus est, gelée depuis plus d’une décennie. La mobilisation populaire, si elle montre l’énorme intérêt que suscite toujours cette affaire, peine pour l’instant à apporter des éléments concrets.

Les experts et les autorités sceptiques face à une démarche jugée risquée

Face à cette effervescence numérique, les autorités ne cachent pas leur inquiétude. Le parquet de Nantes, en charge du dossier, dénonce une multiplication des fausses pistes, extrêmement chronophages pour les enquêteurs officiels. Selon une information relayée par RTL, cette initiative « génère beaucoup de fausses pistes ». De quoi considérablement le travail d’analyse et de vérification des forces de l’ordre. Les experts sont eux aussi prudents. Jacques Dallest, magistrat honoraire et ancien procureur, estime qu’il y a « 1 à 2 % de chances » que ces signalements soient utiles.

Il souligne que « plus on fait appel à des personnes, plus on en aura qui penseront, de bonne foi, l’avoir vu », mais sans réel fondement. De son côté, Romain Puértolas, ancien capitaine de police et auteur d’un livre sur l’affaire, critique durement l’initiative, évoquant « un amateurisme complet et délirant ». Il pointe l’absence de méthodologie rigoureuse et la faiblesse des signalements, jugeant que « les photos envoyées ne ressemblent pas du tout à lui ». Malgré ces critiques appuyées, Aqababe semble déterminé à poursuivre ses recherches, évoquant des déplacements à Malte et en Asie, sans toutefois fournir d’éléments vérifiables. De toute évidence, le mystère Xavier Dupont de Ligonnès continue de fasciner…