Christian Clavier : l’avis du comédien sur l’utilisation de l’IA inquiète fortement la Toile
Christian Clavier voit dans l’IA une chance pour le cinéma français de s’exporter sans passer par les coûteux remakes. Mais ses propos, jugés menaçants pour les doubleurs, déclenchent une vive polémique dans le milieu.
Résumé de l'article
Interviewé par Konbini, Christian Clavier défend l’usage de l’IA pour faciliter le doublage et l’exportation des films. Un discours optimiste qui inquiète fortement les comédiens de doublage, déjà fragilisés par ces technologies.
À l’affiche d’un documentaire qui lui est consacré et d’une nouvelle comédie, Christian Clavier est partout. Pourtant, ce ne sont pas seulement ses films qui agitent la Toile, mais bien ses récentes déclarations au sujet de l’intelligence artificielle. Selon lui, cette technologie pourrait révolutionner l’avenir du cinéma européen.
Interviewé par Konbini dans l’émission Vidéo Club, l’acteur du Splendid a partagé une vision optimiste de l’IA. Il affirme qu’elle permettrait aux productions françaises de rivaliser avec Hollywood et de franchir les barrières linguistiques. Mais cet enthousiasme, porté sur la scène médiatique, n’a pas tardé à provoquer de vives réactions, notamment chez les doubleurs professionnels.
L’optimisme de Christian Clavier face à l’intelligence artificielle
Dans son entretien, Christian Clavier a pris le contre-pied des discours alarmistes sur l’IA. Pour lui, cette technologie constitue une opportunité majeure pour le cinéma français et européen. "Une patronne d’un grand groupe français m’a dit : 'Nous, les Européens, nous allons pouvoir résoudre une partie de nos problèmes de budget par rapport au cinéma américain grâce à l’IA'", rapporte-t-il. L’acteur voit dans cet outil un moyen de contourner une contrainte ancienne : l’impossibilité de s’implanter sur le marché américain à cause du doublage jugé imparfait par les spectateurs locaux. Grâce aux synchronisations automatiques offertes par l’IA, il imagine une circulation beaucoup plus fluide des films à l’international, sans passer par des remakes coûteux.
À ses yeux, les comédiens eux-mêmes pourraient en tirer bénéfice. L’IA leur offrirait la possibilité d’incarner leurs rôles dans différentes langues, tout en conservant leurs intonations et leur identité vocale. Une innovation qui, selon lui, donnerait une dimension inédite au métier d’acteur. En filigrane, Clavier défend une vision où le cinéma européen ne se limiterait plus à ses frontières linguistiques mais rayonnerait bien au-delà. Pourtant, cet optimisme suscite des inquiétudes légitimes dans un autre pan de l’industrie : celui du doublage.
Les inquiétudes d’une profession menacée
Si Christian Clavier semble regarder l’avenir avec confiance, ses propos résonnent comme une menace pour de nombreux professionnels. Les comédiens de doublage voient dans cette évolution technologique une concurrence directe qui fragiliserait leur métier. L’acteur lui-même ne nie pas l’impact : "Les comédiens de doublage vont avoir un problème, bien sûr. Mais toutes les avancées technologiques ont posé problème à un certain nombre de métiers". Ces mots, loin de rassurer, rappellent que chaque innovation se fait au détriment de certains corps de métier.
Les craintes sont loin d’être infondées. Depuis plusieurs mois, des plateformes comme Amazon Prime Video ou YouTube expérimentent déjà le doublage automatisé, avec des résultats inégaux mais prometteurs pour les partisans de l’IA. La controverse s’est amplifiée en janvier dernier lorsque la voix du doubleur disparu Alain Dorval a été recréée artificiellement pour un film. Le tollé qui a suivi témoigne de la crainte d’une déshumanisation progressive de la profession. Derrière les promesses d’efficacité, c’est tout un pan de la culture cinématographique qui se sent menacé. Clavier, lui, salue les nouvelles possibilités offertes aux acteurs, mais ses propos rappellent qu’une révolution technologique n’épargne jamais tout le monde.
