Affaire Lola Daviet : pourquoi Dahbia Benkired a écrit les chiffres 0 et 1 sur les pieds de la fillette ?
Alors que le procès du meurtre de Lola Daviet suit son cours, les explications lunaires de Dahbia Benkired laissent l'audience perplexe.

Résumé de l'article
Lors du procès, Dahbia Benkired a expliqué avoir inscrit 0 et 1 sur les pieds de Lola Daviet en se référant à une symbolique culturelle, révélant une perception déshumanisante.

Mercredi 22 octobre 2025, la cour d’assises de Paris a vécu une journée lourde d’émotion et de tension. Après trois jours d’auditions et la diffusion d’éléments glaçants, la quatrième journée a été marquée par deux temps forts : un témoignage bouleversant de la mère de Lola Daviet, Delphine, et l’audition d’un psychologue judiciaire dont l’analyse a bousculé la compréhension de la personnalité de l’accusée.
Entre appel à la perpétuité, profils cliniques et explications déroutantes, le procès a pris une tournure à la fois intime et technique. Et ainsi, la justice tente de faire sens de l’inexplicable.
Témoignage et profil : la voix d’une mère et le diagnostic d’un expert
À la barre, Delphine Daviet a livré un témoignage d’une intensité rare. Elle a raconté les derniers instants avant la disparition de sa fille et n’a pas caché sa colère ni sa douleur : « Qui aurait pu imaginer ce qui allait se passer quand Lola a croisé cette chose, ce monstre ? » Puis elle a lancé : « Pourquoi nous, pourquoi Lola ? Mon cœur de maman est meurtri à jamais. » Refusant d’humaniser l’accusée, elle a dit avoir fini par se libérer d’un sentiment de culpabilité : « J’ai fini par comprendre que ce n’est pas nous les coupables, mais c’est cette chose. » Avant d’adresser au tribunal une demande claire et implacable : « Je demande à la justice de faire le nécessaire pour que cette chose soit enfermée toute sa vie » et, plus fermement encore, « Ne rendez pas autre chose que la perpétuité. »
Le même jour, un psychologue entendu par la cour a tenté de dresser le portrait clinique de Dahbia Benkired, après l’avoir rencontrée à trois reprises en détention. L’expert a décrit une personne d’abord sur la défensive : « attitude défensive et réservée », avec parfois « des propos bizarres en lien avec la sorcellerie » et « une certaine froideur affective et émotionnelle ». Sur la question des troubles, l’expert a parlé de « troubles de la personnalité » et d’« un mode de pensée persécutoire », allant jusqu’à évoquer « des traits psychopathiques à un niveau élevé ». L’expert a aussi rapporté les propos distants de Dahbia sur les faits : « Le pire c’est qu’après (les faits, NDLR), j’étais normale », et noté que ses expressions publiques du crime restaient factuelles : "'J’ai tué un enfant', 'C’est un pauvre ange qui est parti', 'Elle ne pas méritait ça'", en parlant de Lola Daviet.
Les chiffres sur les pieds de Lola Daviet : explications déroutantes et symboles
L’après-midi a basculé vers l’absurde lorsque la cour a interrogé Dahbia sur les deux chiffres — 0 et 1 — qu’elle avait inscrits au vernis rouge sur les pieds de Lola Daviet. Face au président, l’accusée a livré des explications lunaires. Selon elle, la fillette aurait été perçue « comme un mouton ». Elle a déclaré : "Vous n’allez pas me croire, j’ai commencé à la [Lola, NDLR] voir comme un mouton. Sa peau était dure, comme un mouton. Je pensais que c’était un mouton." Pour justifier le marquage, Dahbia a invoqué une règle culturelle qu’elle a présentée ainsi : "En Algérie, on écrit sur les moutons. On égorge les moutons en Algérie". Interrogée sur l’absence d’égorgement, elle a répondu simplement : "J’y arriverais pas, jamais."
Ces explications, qui mêlent délégation culturelle et déshumanisation totale, ont nourri l’inquiétude de la cour quant à la distance affective et cognitive avec laquelle l’accusée racontait les faits. Là où la famille réclame une réponse et une sanction, la justice s’efforce de transformer ces paroles déroutantes en éléments d’évaluation : culpabilité, responsabilité pénale et prévention d’un risque futur. La journée du 22 octobre a condensé l’intime et le clinique : la rage d’une mère qui demande la perpétuité, et la tentative des experts de réduire en mots un comportement que beaucoup jugent incompréhensible.