En janvier dernier, Esteban, 24 ans, est décédé au Mans après avoir sollicité à plusieurs reprises l’aide du Samu. Sa famille, bouleversée par cette perte brutale et par les réponses apportées par les médecins régulateurs, a décidé d’engager une procédure judiciaire. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le Samu se retrouve dans cette situation. En 2018, le décès de Naomi avait déjà fait couler beaucoup d’encre.
Tout comme la mort d’une jeune femme de 19 ans lors du Covid-19. Cette fois-ci, trois appels ont été passés en quelques heures, décrivant une détresse respiratoire et des douleurs thoraciques sévères. Pourtant, aucune intervention immédiate n’a été déclenchée. La mère d’Esteban, rongée par la culpabilité, dénonce aujourd’hui des manquements graves. Elle espère que la justice établira les responsabilités dans ce drame.
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Des appels restés sans réponse adaptée
Le 28 janvier, la santé d’Esteban se dégrade rapidement. Vers 22h30, lui et sa mère contactent le Samu du Mans. Le jeune homme décrit une douleur thoracique irradiant vers l’épaule, un essoufflement important et une impossibilité de bouger. « Il poussait de vrais gémissements de douleur », rapporte Me Vincent Sehier, avocat de la famille, qui a consulté les retranscriptions. Pourtant, le médecin régulateur conclut à un simple problème musculaire et recommande un traitement antalgique, du tramadol. Mais l’état d’Esteban continue de s’aggraver.
Le lendemain, à 14h43, sa mère rappelle, signalant une perte de connaissance, des vomissements et une cyanose inquiétante. De nouveau, le diagnostic posé minimise la situation. Le médecin conseille à la famille de se rendre aux urgences par ses propres moyens. Une demi-heure plus tard, tout bascule : Esteban fait un arrêt cardiaque. Une voisine alerte le Samu tandis que sa mère tente un massage cardiaque. Après 50 minutes de réanimation, le jeune homme est conduit au centre hospitalier du Mans, où il décédera le 30 janvier.
Une plainte pour obtenir justice
Face à cette issue tragique, la famille annonce vouloir déposer plainte pour « homicide involontaire ». Selon leur avocat, la régulation médicale a failli à sa mission. « La problématique centrale, c’est qu’on ne lui a pas dit de voir un médecin rapidement. Il aurait mis la main sur le pneumothorax et il l’aurait sauvé », estime Me Vincent Sehier. L’avocat dénonce également une absence de dialogue constructif après coup : « On a proposé des échanges avec le centre hospitalier du Mans et on a eu aucune réponse. On est donc contraint d’aller au dépôt de plainte ».
La mère d’Esteban, fragilisée par la perte de son fils, confie sa « culpabilité » et son sentiment d’impuissance. Elle avait participé à une réunion de médiation organisée par l’hôpital, mais en est ressortie avec l’impression d’un silence institutionnel. L’établissement, contacté par la presse, a indiqué qu’il ne ferait « aucun commentaire tant qu’une décision judiciaire n’a pas été formulée ». Dans les prochains jours, la famille déposera officiellement plainte, espérant que cette procédure permettra de reconnaître les manquements et d’éviter que d’autres familles ne traversent un drame similaire.