Alors qu’il se rendait dans la Principauté de Monaco avec son épouse Brigitte, Emmanuel Macron a profité de ce déplacement pour adresser un message ferme à ses ministres. Un an après la dissolution de l’Assemblée nationale, il ne cache plus son exaspération face à l’inaction qu’il perçoit au sein de son propre camp. Loin d’être une simple visite de courtoisie, ce voyage s’est transformé en un avertissement clair.
Le climat, relégué selon lui au second plan, semble cristalliser toute sa colère. En accusant certains responsables de détourner l’attention vers des faits divers ou des débats sécuritaires, Emmanuel Macron cherche à recentrer l’action gouvernementale sur l’écologie. Ce recadrage public, rare dans sa forme, vise aussi à repositionner son image à l’approche de la rentrée politique, alors que les tensions internes s’exacerbent.
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Un coup de colère présidentiel : « Ce n’est pas le moment de céder »
À Monaco, le président de la République a lâché ses coups sans retenue. Dans une interview accordée au Parisien, Emmanuel Macron n’a pas hésité à pointer du doigt ceux qui, selon lui, abandonnent la bataille écologique au profit de polémiques de circonstance. « Politiquement, nous sommes dans un moment extrêmement compliqué où certains voudraient faire oublier le combat pour le climat », a-t-il martelé, manifestement irrité. Sans nommer directement ses cibles, le chef de l’État a pourtant envoyé une pique limpide à François Bayrou, figure influente de la majorité. Il a rappelé que « ce n’est pas le moment de créer des incertitudes ». Et a exigé de son gouvernement qu’il « ne cède pas aux facilités du moment ».
Ce rappel à l’ordre, aussi symbolique que politique, illustre l’ampleur de la fracture au sein de la majorité. Un an après avoir dissous l’Assemblée dans l’espoir d’un nouveau souffle, Emmanuel Macron se retrouve confronté à l’érosion de sa ligne directrice. Et c’est bien l’écologie, pilier affiché de son second mandat, qui devient le champ de bataille d’une lutte interne. « Les mêmes qui disaient que je ne faisais pas assez pour l’écologie sont les mêmes aujourd’hui à détricoter », s’est-il agacé. À Nice, dans un discours enflammé, il a décrit une situation d’urgence inédite. Tout en évoquant « cinq crises en même temps : biodiversité, eau, alimentation, santé, changement climatique ». Pour lui, il n’est plus temps de tergiverser.
Bayrou visé par Emmanuel Macron, les ministres minimisent
Derrière la colère présidentielle, un nom revient en filigrane : François Bayrou. Sans jamais le citer directement, Emmanuel Macron semble viser l’ancien maire de Pau, connu pour ses prises de distance. L’affaire de MaPrimeRénov’, suspendue en pleine période estivale, a mis le feu aux poudres. « Cette histoire l’a agacé au plus haut point », confie un proche du président au Parisien. Loin d’être une décision anodine, cette suspension touche à l’un des symboles de l’engagement écologique du quinquennat. Et pour Emmanuel Macron, toute remise en question de ce type de mesure ressemble à une trahison. « Il est en toupie », poursuit ce conseiller, évoquant un chef d’État furieux face à la désinvolture de certains.
Mais du côté du gouvernement, la réaction est beaucoup plus mesurée. Invité de France Inter, Éric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts, a tenté de calmer le jeu. Il a expliqué que cette suspension visait simplement à « remettre de l’ordre pendant l’été ». Un discours rassurant, mais qui ne masque pas la tension réelle. « Bayrou reste totalement imperméable aux coups de pression du président, tout comme au réchauffement climatique », lâche, amer, un membre de l’entourage présidentiel. Alors que les spéculations sur un possible changement de Premier ministre se multiplient, le climat politique à l’Élysée semble de plus en plus chargé. La suite au prochain épisode…