Serge Gainsbourg : la rediffusion d'une émission consacrée au chanteur fait débat 

Ce lundi 27 octobre 2025, l’autrice et militante Florence Porcel a violemment réagi à la rediffusion d’une émission hommage à Serge Gainsbourg sur France Inter.

Pour celle qui fut la première à accuser PPDA de viol, cette diffusion témoigne d’une complaisance inquiétante envers un artiste qu’elle qualifie de “violent” et “épouvantable”.

Un hommage jugé complaisant : “Cessons la cécité sur Serge”

Depuis plusieurs années, Florence Porcel s’impose comme une voix forte du féminisme français. Première accusatrice de Patrick Poivre d’Arvor, elle milite pour une lecture plus lucide des comportements problématiques dans les milieux culturels et médiatiques. Alors quand France Inter décide de rediffuser une émission consacrée à Serge Gainsbourg, elle y voit une faute symbolique. Sur X, l’autrice s’indigne : « Cessons la cécité sur Serge une bonne fois pour toutes. » Pour elle, la radio publique perpétue une vision tronquée du chanteur, en évoquant sa provocation artistique sans aborder sa violence ou les zones grises de sa relation avec sa fille Charlotte. 

« Le récit répète que Gainsbourg se défend de toute relation incestueuse avec Charlotte, mais si ceci n’est pas incestueux, c’est, à minima, incestuel », écrit-elle, en référence à la chanson “Lemon Incest”, sortie en 1984, et au célèbre baiser père-fille sur le plateau de 7/7 en 1986. Florence Porcel pointe également le traitement de Jane Birkin, quittant Serge Gainsbourg après des années de violences conjugales que le chanteur lui-même avait reconnues. « Elle est partie parce que Gainsbourg était violent, ce qu’il a admis publiquement et ce qu’elle a écrit dans un livre paru en 2018 », rappelle-t-elle.

Serge Gainsbourg, artiste de génie ou homme toxique ?

Dans son long message, Florence Porcel déplore aussi la présence d’Alex Beaupain dans l’émission, qu’elle juge « totalement à côté de la plaque » pour avoir commenté Gainsbourg sous l’angle esthétique, sans interroger la morale derrière ses provocations. « Parce que j’en ai un peu ras-le-bol qu’on glorifie ce type épouvantable et violent, surtout sur le service public, surtout quand il y avait le choix de rediffuser autre chose », s’emporte-t-elle. Cette prise de parole réactive un vieux débat : peut-on séparer l’homme de l’artiste ? Serge Gainsbourg, disparu en 1991, reste une icône incontournable de la chanson française, célébré pour son audace et sa poésie subversive.

Mais dans le contexte post-#MeToo, certains de ses gestes et paroles – du clip Lemon Incest à son attitude face à Whitney Houston sur le plateau de Champs-Élysées – sont désormais perçus comme des transgressions d’un autre âge. En s’attaquant frontalement à ce “monstre sacré”, Florence Porcel s’érige contre l’impunité culturelle accordée à certains artistes au nom du talent. Un message fort, qui interroge autant le rapport de la société française à ses icônes qu’à la mémoire des femmes qu’elles ont parfois blessées. Un rappel que la fascination pour le génie ne doit jamais faire taire la vérité.