L’annonce est tombée ce matin : Thierry Ardisson s’est éteint le 14 juillet 2025, des suites d’un cancer généralisé du foie. L’homme de télévision, connu pour son ton décapant et sa mise en scène millimétrée, n’aurait probablement pas choisi une autre date pour tirer sa révérence. Un dernier clin d’œil, un ultime pied de nez à l’histoire et à ses contradictions.
Icône de la télé, provocateur assumé, royaliste convaincu, Thierry Ardisson laisse derrière lui un vide dans le paysage médiatique français. Les hommages pleuvent depuis l’annonce de sa disparition. Mais au-delà de l’émotion, un détail frappe : cette mort un 14 juillet, jour de fête nationale républicaine, sonne comme une ironie ultime venant d’un homme qui n’a jamais cessé de bousculer les règles.
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Une disparition qui marque la fin d’un pan de la télévision française
Le décès de Thierry Ardisson marque un tournant, une page qui se tourne brutalement dans l’histoire de la télévision. Animateur culte des années 90 et 2000, il avait imposé un style unique, fait d’humour noir, de provocation et d’interviews au cordeau. L’ancien publicitaire, qui avait su reconvertir son art du slogan en science de la formule télévisuelle, laisse un héritage dense, tant dans la forme que dans le fond. Son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, a confié à l’AFP : « Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu’à son dernier souffle. » Un hommage sobre et profond, à l’image de la fidélité qui unissait le couple depuis de longues années.
Pour Arthur, autre figure emblématique du petit écran, la perte est immense : « C’était une voix, une présence, une gueule. […] Il a inventé un ton, un style, une manière de recevoir sans jamais se soumettre. » En quelques mots, tout est dit. Thierry Ardisson, c’était l’insolence comme moteur, la liberté d’expression comme boussole. Il avait cassé les codes de l’interview télévisée, injecté de l’intelligence dans le divertissement, et surtout imposé une esthétique singulière, reconnaissable entre mille. En somme, il a marqué l’époque, autant qu’il l’a révélée. Né le 6 janvier 1949, jour de l’Épiphanie, Thierry Ardisson voyait dans sa date de naissance une confirmation presque cosmique de son royalisme. Une conviction qu’il n’a jamais reniée, même si elle surprenait dans le paysage médiatique français.
Thierry Ardisson, un royaliste convaincu qui s’éteint le jour de la République
Dans un entretien accordé au magazine Charles, il expliquait : « Je ne suis pas Stéphane Bern. Je me fous de la Grande-Duchesse du Luxembourg ! ». Loin du folklore, il revendiquait une vision politique assumée et structurée, préférant le modèle britannique au système républicain français. Sa célèbre métaphore footballistique l’illustre bien : « Ce n’est tout de même pas le capitaine du PSG ou celui de l’OM qui arbitre leurs matchs ! ». Pour lui, élire un président au suffrage universel direct revenait à confier l’arbitrage à l’un des joueurs. Un raisonnement provocateur, mais révélateur de son goût pour les idées hors cadre. C’est donc avec une ironie mordante que sa mort est survenue un 14 juillet, date symbolique s’il en est, marquant la chute de la monarchie et la naissance de la République.
Un hasard ? Peut-être. Mais un hasard que ses proches voient plutôt comme un dernier clin d’œil du maître de la mise en scène. « C’est plutôt pas mal ; ça finira en feu d’artifice, comme sa vie ! », a déclaré Philippe Corti, ami de longue date et DJ fidèle de ses émissions. Pour lui, cette date n’est pas anodine. « Pour un royaliste, mourir un 14 juillet… c’est son dernier tour de passe-passe », a-t-il également confié. Même Arthur, dans son hommage, n’a pas manqué de relever « ce pied de nez » si caractéristique de Thierry Ardisson. Un final presque trop parfait pour ne pas avoir été, au fond, voulu.