À l’occasion de la promotion de son dernier film La vie pour de vrai, Charlotte Gainsbourg s’est confiée dans les colonnes de Ciné Télé Revue. Au-delà de son rôle, c’est en tant que mère que la fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg livre un regard inquiet sur les évolutions amoureuses des jeunes générations.
L’actrice française, discrète mais toujours franche, aborde sans détour les transformations des rapports humains, notamment à travers les applications de rencontre. Un phénomène qui la laisse perplexe et soulève chez elle de réelles interrogations, surtout quand il s’agit de l’avenir sentimental de ses propres enfants.
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Une génération sous influence des applis : le constat amer d’une mère
Dans La vie pour de vrai, Charlotte Gainsbourg incarne Roxane, une femme en quête de plaisir à travers les applications de rencontre. Un personnage qu’elle décrit comme « un peu nymphomane », persuadée de s’épanouir grâce à ces outils modernes. Mais derrière cette façade légère, l’actrice y voit une critique claire d’un mode de vie devenu la norme pour de nombreux jeunes. « Ce film fait un constat sur la société », dit-elle. « Il éclaire le fait que la jeunesse d’aujourd’hui en est un peu réduite à ces applis », poursuit-elle. Pour Charlotte Gainsbourg, il ne s’agit pas seulement d’un phénomène passager, mais d’un changement de paradigme dans les relations humaines.
« On est dans l’efficacité et la consommation », résume-t-elle avec lucidité. Face à ce tableau, Charlotte Gainsbourg mesure la chance qu’elle a eue d’échapper à cette logique. « Moi, j’ai échappé à ça. Je réalise que j’ai eu de la chance de rencontrer Yvan [Attal] il y a très longtemps, à un dîner », confie-t-elle avec reconnaissance. Pour elle, cette rencontre marquait une autre époque, celle de la découverte véritable de l’autre, loin des filtres et des profils calibrés. « Il y a eu une vraie découverte de l’autre, et pas un descriptif, une photo, des filtres, le compte de ses capacités physiques », affirme-t-elle.
Une inquiétude tempérée par la confiance maternelle de Charlotte Gainsbourg
Cette nostalgie discrète teinte ses propos d’une inquiétude sourde : que reste-t-il aujourd’hui de la spontanéité, du charme, de l’ambiguïté des débuts amoureux ? Mère de trois enfants, Charlotte Gainsbourg n’est pas qu’une observatrice critique : elle est avant tout concernée. Lorsqu’elle évoque la jeunesse actuelle, ce n’est pas sans crainte pour l’avenir amoureux de ses enfants. « Quand je pense à mes enfants, avec tous les trucs de MeToo, je me dis qu’ils ne vont pas pouvoir draguer, en fait ! », s’inquiète-t-elle. Ce qu’elle déplore, c’est une époque où la séduction elle-même semble devenue un terrain miné. « C’est une génération où il n’y a plus de préliminaires ! », lâche-t-elle, résignée.
Et pourtant, malgré ses appréhensions, Charlotte Gainsbourg laisse apparaître une lueur d’espoir. Elle reconnaît que, même dans un monde où les codes ont changé, ses enfants parviennent à nouer des relations authentiques. « J’ai vu avec mes deux grands [Ben et Alice, ndlr] que ça reste des relations humaines », confie-t-elle. Il y a, selon elle, encore place pour la sincérité et l’engagement. « Il y a une partie d’amusement, mais quand ça devient sérieux, ça change. J’ai quand même confiance ». Un constat confirmé par le mariage de son fils Ben Attal, qui a dit oui en 2023 à sa compagne Jordane Crantelle, lors d’une cérémonie intime.