Sarthe : un jeune lycéen accuse l'IA de l'avoir radicalisé
Un an après avoir menacé des centres d’information d’attentats terroristes, un jeune Manceau de 18 ans a été reconnu coupable. Détails.
Résumé de l'article
Un jeune déscolarisé a envoyé un message menaçant à plusieurs centres, semant la panique sans détention d'armes ni signes clairs de radicalisation organisée.
En avril 2024, un message envoyé à 180 centres d’information et d’orientation (CIO) a semé l’effroi et paralysé des services publics entiers : ce courriel promettait « une journée de terreur ». L’auteur présumé, alors mineur et déscolarisé, a finalement comparu un an plus tard devant le tribunal pour enfants.
Reconnu coupable des faits ce 24 avril 2025, il reste toutefois sous contrôle judiciaire en attendant la décision sur sa peine, annoncée pour le 13 novembre 2025. L’affaire pose des questions sur la frontière entre délinquance juvénile, radicalisation virtuelle et vulnérabilité psychologique.
Le procès : menace massive, mais pas d’armes retrouvées
Le 12 avril 2024, un email menaçant décrivait des ceintures d’explosifs, des grenades et des fusils d’assaut, et précisait une action prévue trois jours plus tard dans plusieurs CIO. Immédiatement, les services concernés ont procédé à des évacuations préventives. Les investigations, conduites simultanément sur tout le territoire par l’Office anti-cybercriminalité (Ofac) du SIPJ de Lille, ont permis de remonter à l’origine du message et d’identifier le matériel technique employé avant d’arrêter le jeune homme.
À l’audience, le parquet du Mans a relevé l’ampleur du traumatisme causé : le message avait entraîné « l’importante paralysie du fonctionnement normal des services publics des ministères de l’Éducation nationale et de l’Intérieur ». Pourtant, lors des perquisitions et des expertises, les enquêteurs n’ont retrouvé ni armes ni indices formels de radicalisation organisée. L’adolescent avait reconnu les faits au moment des premières auditions, sans toutefois montrer de réelle prise de conscience de la portée de ses actes.
Un profil paradoxal : paroles violentes, culture absente du lycéen
Né au Mans et déscolarisé depuis la seconde, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 18 ans, apparaîtrait aux yeux des enquêteurs comme inconnu de la justice avant cet épisode. Motivant son courriel par le « souhait de tuer les “mécréants”, “au nom de l’État islamique” », il a toutefois, selon sa défense, peu ou pas de culture religieuse ni politique. Son avocate, Me Gereau, plaide la déconnexion : « Il regrette énormément. Il était déconnecté de la réalité. Pourquoi des CIO ? Il ne sait pas. » Les éléments complémentaires versés au dossier — listes d’établissements, notes sur la fabrication d’explosifs et repérages via des outils cartographiques — témoignent d’une préoccupation réelle pour la sécurité publique, même si la portée opérationnelle des projets reste discutée.
Des précédents récents ont montré la montée inquiétante d’affaires impliquant des mineurs influencés sur Internet ; la justice devra trancher entre sanction, prise en charge éducative et mesures de protection. La peine encourue est lourde : jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. Le tribunal, ayant retenu la culpabilité le 24 avril 2025, fixera sa sanction le 13 novembre 2025 — date à laquelle seront pesés la dangerosité, la responsabilité pénale du jeune homme et les voies de prévention à privilégier.