Après les succès de Black Mirror, Mercredi et Stranger Things, Netflix a sorti le documentaire Numéro inconnu : textos toxiques au lycée la 29 août dernier. Il revient sur une affaire de cyberharcèlement qui a marqué les États-Unis. Derrière des centaines de messages anonymes se cachait une vérité effroyable. La harceleuse était en réalité la propre mère de la victime.
Quatre ans après la révélation du scandale, Lauryn Licari, cible des attaques, tente de se reconstruire tandis que sa mère Kendra vit en liberté conditionnelle. Le film, signé Skye Borgman, questionne autant la responsabilité individuelle que les séquelles laissées par une telle trahison familiale.
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Lauryn, une vie à reconstruire après la trahison
En 2020, Lauryn Licari, alors âgée de 15 ans, commence à recevoir des textos anonymes remplis d’insultes, de menaces et d’incitations au suicide. Son petit ami de l’époque, Owen, est lui aussi visé. Le harcèlement prend une ampleur telle que la vie des deux adolescents en est paralysée. Lauryn vit dans la peur, persuadée que son bourreau se cache parmi ses proches. La vérité, révélée un an plus tard, dépasse l’imagination. L’autrice de ces messages n’est autre que sa propre mère, Kendra. Aujourd’hui âgée de 21 ans, Lauryn tente de tourner la page.
Dans le documentaire Netflix, elle confie ne plus avoir aucun contact avec Owen. De fait, leur couple n’a pas survécu à l’épreuve. Plus proche que jamais de son père, elle a choisi d’orienter son avenir vers la criminologie, espérant transformer son expérience en force. Son compte Instagram reste privé. Mais elle apparaît désormais en couple avec Zayne Cooper, un jeune footballeur du Michigan. Pourtant, malgré ce nouvel équilibre, Lauryn admet : « J’ai envie de lui faire confiance, mais je ne sais pas si je le peux », en parlant de sa mère. Une phrase qui illustre la blessure encore ouverte laissée par cette affaire.
Kendra Licari, entre liberté surveillée et déni persistant
Condamnée en 2021 à 19 mois de prison pour harcèlement, Kendra Licari a été libérée. Mais elle demeure sous liberté conditionnelle jusqu’en 2026. Installée désormais à Pontiac, au nord de Detroit, elle est tenue de respecter un suivi strict : interdiction de quitter l’État, participation obligatoire à des programmes psychologiques et obligation de chercher un emploi. Sa présence publique est quasi inexistante : aucun poste professionnel connu, un profil LinkedIn inactif, aucune apparition médiatique depuis la sortie du documentaire. Face caméra, dans le film de Skye Borgman, Kendra admet être « déçue d’elle-même ».
Mais la mère de famille continue de nier certains faits, affirmant avoir agi par volonté de « protéger » sa fille, en écho à ses propres traumatismes de jeunesse. Ces explications peinent à convaincre, d’autant qu’elles contrastent avec la violence des messages envoyés, parfois des incitations explicites au suicide. La réalisatrice elle-même souligne que les récits de Kendra paraissent « un peu récités ». Dans cette affaire, l’incompréhension reste entière : comment une mère a-t-elle pu s’ériger en ennemie de sa propre fille ? Quatre ans après, cette question demeure sans réponse claire, laissant planer une ombre sur le fragile lien entre Lauryn et Kendra.