Des vivants : une victime du Bataclan en colère après être apparue contre son gré dans la série

Ils ont passé près de trois heures en tant qu’otages dans un étroit couloir attenant à la salle de concert du Bataclan. Après l’assaut libérateur de la B.R.I., certains d'entre eux se sont retrouvés et ont construit des liens d’amitié qui les ont aidés à se reconstruire. C’est cette histoire, celle du groupe des Potages (pour Potes et Otages), que Jean-Xavier de Lestrade a choisi de porter à l’écran, après avoir longtemps hésité. Mais si le réalisateur a mis tout son talent dans cette série si sensible intitulée Des Vivants, certains de ses choix ont fait polémique.

Le compagnon de l'actrice Alix Poisson — qui incarne Marie dans la série —, n’a jamais douté de l'importance de tourner certaines scènes au Bataclan même. Mais pour Arthur Dénouveaux, lui-même rescapé de l'attaque du 13 novembre et ancien président de Life For Paris, ce choix peut "choquer profondément des victimes qui considèrent que le Bataclan est l'endroit où elles ont failli mourir ou où leurs proches sont morts." C'est en effet ce qu'il a confié le 27 octobre dernier alors que Des Vivants était mise en ligne sur l'application de France 2.

Un ancien otage du Bataclan se retrouve malgré lui dans Des Vivants

Une scène de l’épisode 3 de la série suscite désormais la colère d’un ancien otage, Victor Anclin-Zanotelli. Celui-ci faisait partie des onze personnes retenues dans le couloir de 1,10 mètre de large du Bataclan et avait un temps appartenu aux Potages. Dans le Républicain Lorrain, ce Messin de 33 ans a alors révélé qu'il a appris par sa mère, Frédérique, qu’une séquence le montrant sous la menace d’un terroriste avait été intégrée à la série. Pourtant, il n’a jamais été contacté ni même informé du tournage de cette séquence. "Cette scène insoutenable est désormais gravée en images et Victor se retrouve piégé à nouveau dans son traumatisme, sans avoir été prévenu, sans avoir pu donner son avis, sans avoir été accompagné", a dénoncé sa mère.

"Je ne peux pas laisser passer ça", a ainsi déclaré celui qui avait 23 ans au moment des faits. "Je ressens de la colère envers la production et le réalisateur d’avoir utilisé mon personnage pour faire du sensationnel, je me sens manipulé et mis devant le fait accompli. On m’impose ça alors que j’ai toujours cherché à en être loin", a confié Victor Anclin-Zanotelli, qui essaie aujourd'hui de se reconstruire loin de son traumatisme. En colère, il accuse la série "de faire de l’argent et du voyeurisme sur le malheur des gens". Aussi, Victor ne cache pas qu'il ressent de la déception, voire un sentiment de "trahison" vis-à-vis des "potages". Il a d'ailleurs confié ne pas exclure une action en justice.

Jean-Xavier de Lestrade, le réalisateur de la série, lui répond

Contacté par sa mère, Frédérique, ainsi que par nos confrères du Républicain Lorrain, le réalisateur n'a pas eu de mal à reconnaître qu'une erreur avait été commise et que Victor aurait dû être informé. "Lundi, j’ai écrit un courrier d’excuses à Victor. Je fabrique des images impactantes et je me mets à la place des victimes. Nous n’avons d’ailleurs pas dévoilé son identité", a déclaré Jean-Xavier de Lestrade. En revanche, il a fermement nié toute intention de sensationnalisme derrière cette séquence. "Si je ne montre pas ça et l’assaut, je ne fais pas de film. Cet acte de pure barbarie, subi par Victor et tous les otages, est fondateur. (...) C’est le moment où l’humanité des otages est arrachée. Si on masque cela au nom de la protection des victimes, on ne les comprend pas" a-t-il estimé.

Cependant, pas sûr que les tensions se calment entre les deux hommes. Et pour cause, si Victor Anclin-Zanotelli a demandé à ce que la séquence en question soit retirée de l'épisode, Jean-Xavier de Lestrade, lui, s'y oppose catégoriquement. "Au nom de quel principe ? C’est la vérité, l’histoire. On ne va pas la transformer. Sinon, on arrête de faire des films", a-t-il en effet jugé. Une réaction qui pourrait encore envenimer le conflit entre le réalisateur et Victor. Affaire à suivre.