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Joël Chenal : accusé de faits graves, la fédération française de ski le suspend

par Sophie Vollet

Joël Chenal : accusé de faits graves, la fédération française de ski le suspend
Crédit photo : © Instagram

Accusé de faits graves par plusieurs jeunes femmes, l’ancien champion olympique de ski Joël Chenal vient d’être suspendu par la Fédération française de ski.

L’image du champion olympique s’effondre sous le poids de témoignages glaçants. Joël Chenal, ancien médaillé d’argent en slalom géant aux Jeux de Turin en 2006, est aujourd’hui au cœur d’une tempête judiciaire et médiatique. Accusé de harcèlement sexuel sur mineures par sept jeunes femmes, il fait désormais face à cinq nouvelles dénonciations, portant à douze le nombre de victimes présumées.

Les faits s’étendraient sur plus de quinze ans, entre 2005 et 2021, période durant laquelle il occupait des fonctions d’encadrement au sein de la Fédération française de ski (FFS). L’institution, alertée par une nouvelle enquête parue dans Le Monde, a immédiatement réagi en suspendant l’entraîneur et en déclenchant une procédure disciplinaire. Le monde du ski est en état de sidération.

Des témoignages qui s’accumulent contre Joël Chenal

Les récits s’accordent sur un même déroulé. Joël Chenal approchait de très jeunes filles via les réseaux sociaux, souvent en flattant leurs qualités sportives, avant de détourner les échanges vers des contenus à connotation sexuelle. Aurélie, 23 ans aujourd’hui, affirme avoir été harcelée de ses 11 à ses 18 ans. Elle confie : « Combien de fois j’ai reçu des messages de lui en érection me proposant de venir le voir en me promettant de l’argent de poche, tandis qu’il regardait des pornos.» Un souvenir la hante toujours :

Un jour, alors que j’étais au lycée, et qu’il me remontait chez moi en voiture, il n’a plus dit un mot parce que j’avais refusé de parler de sexe avec lui. J’ai eu tellement peur pendant tout le trajet que je suis restée collée à la portière, jambes serrées, au cas où il s’énerverait. 

D’autres témoignages confirment cette mécanique d’emprise. Kate, une autre jeune femme, se rappelle : « Il m’envoyait des messages pour me demander, par exemple, de me filmer sous la douche, j’étais en panique. » Une ancienne collégienne évoque quant à elle une série de messages inappropriés suivis d’une invitation à poser chez lui en petite tenue. « Il a pris des photos », raconte-t-elle, alors qu’elle n’avait que 13 ans.

Une suspension immédiate et une omerta dénoncée

Face à la multiplication des témoignages, la Fédération française de ski a annoncé, le 23 juillet, la suspension immédiate de Joël Chenal, aujourd’hui âgé de 51 ans. Une procédure disciplinaire est en cours, et l’organisation a indiqué vouloir se constituer partie civile. « Soutenir les victimes » et « coopérer pleinement avec la justice » sont désormais les mots d’ordre affichés par la FFS. Une plainte pour agression sexuelle a par ailleurs été déposée auprès du parquet d’Albertville par l’une des jeunes femmes, mineure au moment des faits présumés. Au-delà de la responsabilité individuelle, certains dénoncent un système défaillant.

Adrien Duvillard, ancien membre de l’équipe de France de ski et père d’une victime présumée, s’est exprimé publiquement :

Il bossait pour la Fédération de ski alors que des enquêtes étaient en cours. C’est une histoire de pouvoir, c’est certain, c’est une histoire de place et de misogynes dans le ski. Il faut faire un grand nettoyage. 

Militant désormais pour une réforme structurelle, il appelle à « briser l’omerta ». Selon lui, il est urgent de protéger les futures générations d’athlètes : « Nos futures athlètes, c’est maintenant qu’on les prépare. Il faut qu’on leur envoie un signal, leur dire qu’elles seront protégées (…)  et dire stop, on arrête. Il faut briser l’omerta. » L’affaire ne fait que commencer, mais elle ouvre déjà une brèche dans un univers longtemps resté silencieux. Joël Chenal, pour l’heure, reste présumé innocent. La justice, elle, est désormais saisie.

Amoureuse de mode, de culture, d’actualités et véritable accro au petit écran, être rédactrice pour Officielles combine parfaitement mon envie de vous informer et de vous divertir.