Souvenez-vous : en mars 2024, une rumeur secouait l’opinion — Aya Nakamura pourrait ouvrir les Jeux olympiques de Paris. Immédiatement, une vague de réactions s’abattait, entre ferveur populaire… et déferlante haineuse. Le 8 mars, une banderole raciste s’affichait en plein Paris, détournant les paroles de son tube Djadja. Le message était clair, violent, et ciblé : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ».
Depuis, la justice s’est saisie du dossier. Treize militants identitaires, issus du groupuscule d’ultradroite Les Natifs, comparaissent aujourd’hui pour provocation à la haine raciale. Un procès qui dépasse largement le cadre d’un simple message haineux : il interroge notre société sur les frontières entre liberté d’expression et discours raciste assumé.
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Aya Nakamura visée : un acte raciste ciblé… et revendiqué
Aya Nakamura n’était pas présente à l’audience, mais tout tournait autour d’elle. Treize prévenus – dont seulement trois se sont présentés – ont été appelés à répondre de faits graves : l’élaboration d’une campagne destinée à « empêcher une chanteuse française de participer à un événement majeur en raison de ses origines ». Pour la procureure, « il s’agissait de discriminer et injurier cette chanteuse en raison de ses origines maliennes ». Des propos lourds de sens, accompagnés de réquisitions fermes : jusqu’à huit mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende.
Capucine C., ex-assistante parlementaire de députés RN, Stanislas T., 24 ans, et Martin E., 23 ans, tous membres des Natifs, ont préféré se murer dans le silence. Aucun plaidoyer personnel, juste un texte récité à la barre : « La culture musicale dans laquelle s’inscrit Aya Nakamura ne reflète en rien l’identité de notre pays ». Les prévenus contestent toute injure raciste, mais la justice, elle, ne s’y trompe pas. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, l’a rappelé avec force : « Les faits les plus graves en termes de racisme commencent par des propos, qu’ils soient oraux ou écrits ».
Un procès emblématique face à une idéologie assumée
Ce procès ne se limite pas à la personne d’Aya Nakamura. Il met en lumière la stratégie et l’idéologie d’un groupuscule d’extrême droite. Héritiers de Génération identitaire, dissous en 2021, Les Natifs ont fait de la provocation leur marque de fabrique. Aussi, ils affichent leur obsession pour le « grand remplacement » et leur rejet de l’« africanisation » supposée de la culture française. Derrière leurs slogans, ils affirment défendre l’identité française — mais les faits montrent surtout une volonté d’exclusion raciale.
Refuser la disparition de notre peuple, notre culture, notre identité n’est pas un crime
Ont-ils écrit dans leur communiqué lu au tribunal. Pourtant, pour la procureure, ces propos vont « à l’encontre de notre pacte républicain, de notre Constitution ». Pendant qu’eux campent sur leurs positions, Aya Nakamura, elle, a choisi une autre voie. Le 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture, elle a interprété Djadja aux côtés de la Garde républicaine, sur le pont des Arts, devant l’Académie française. Une réponse magistrale à la haine : par la grâce, la fierté et la culture. En ciblant Aya Nakamura, les membres du groupe Les Natifs ont transformé un événement artistique en levier politique, au nom d’une idéologie identitaire. Le verdict sera rendu le 17 septembre.
🚨 Le procureur a reconnu la culpabilité des 13 prévenus dans l’affaire liée aux insultes racistes visant Aya Nakamura.
▶️ Pour 4 prévenus :
🔹 8 mois de prison avec sursis
🔹 3 000 € d’amende▶️ Pour les 9 autres :
🔹 4 mois de prison intégral avec sursis
🔹 Dont 1 mois ferme… pic.twitter.com/dPg1ZXT6kY— BIENVENU Cleysone🇫🇷🕺🏽 (@BCleysone) June 4, 2025