Alors que Delphine Ernotte entame son troisième mandat à la présidence de France Télévisions, une décision stratégique s’imposait. Remplacer Anne-Sophie Lapix au 20h dès la mi-juillet. Malgré son professionnalisme reconnu, la journaliste de 53 ans quitte donc son fauteuil, mais pas le groupe France Télévisions, où elle devrait continuer à exercer d’autres missions.
Depuis plusieurs mois, des tensions internes et des indices de changement se faisaient ressentir. Si le déclin de l’audience du journal est mis en avant comme principal motif de départ, d’autres raisons plus politiques semblent entrer en jeu. Les critiques vis-à-vis de son ton jugé trop frontal envers les responsables politiques se sont multipliées. À cela s’ajoute une polémique inattendue liée à Jordan Bardella…
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Les multiples raisons de l’éviction d’Anne-Sophie Lapix
Le départ d’Anne-Sophie Lapix n’est pas uniquement une question d’audience. Certes, le JT de 20h de France 2 enregistrait depuis quelque temps une baisse progressive de ses téléspectateurs. « C’était attendu, les audiences se tassaient dangereusement », confie un journaliste proche du dossier. « Il fallait envoyer un signe avant la mise en place de la grille de rentrée ». Mais réduire ce changement à une logique purement quantitative serait passer à côté d’enjeux plus profonds, notamment liés à la ligne éditoriale portée par Anne-Sophie Lapix. Connue pour sa pugnacité lors des interviews politiques, la journaliste n’a jamais hésité à bousculer ses interlocuteurs.
« Elle pose aux politiques les questions que les Français se posent, mais auxquelles les politiques refusent de répondre », soulignait un ancien conseiller ministériel. Ce positionnement, salué par certains téléspectateurs, aurait fini par agacer plusieurs figures influentes du paysage politique. Résultat : une pression croissante sur la direction de France Télévisions, sommée de trouver un visage plus consensuel pour le 20h. Derrière cette éviction, se cache donc un subtil jeu d’équilibre entre lignes éditoriales, intérêts politiques et impératifs d’audience. Le 27 mai 2025, une séquence anodine a soudainement enflammé les réseaux sociaux.
Jordan Bardella, déclencheur ou simple symbole ?
Anne-Sophie Lapix apparaissait à l’antenne vêtue d’un blazer quasi identique à celui que portait Jordan Bardella lors d’une interview controversée, quelques semaines plus tôt. Une simple coïncidence vestimentaire ? Pas pour tout le monde. « Parfois le diable se cache dans les détails… Ce soir, Anne-Sophie Lapix portait le même blazer que lors de la fameuse interview de Jordan Bardella qui a tant fait parler, et qui aurait contribué à fragiliser la journaliste… Alors message personnel ou simple hasard ? », pouvait-on lire sur X. Ce détail a renforcé la perception que la relation entre la journaliste et certaines figures de la droite était devenue explosive.
Certains téléspectateurs voient dans ce choix vestimentaire une ultime provocation, ou un pied de nez à ses détracteurs. D’autres y lisent une manière symbolique d’assumer jusqu’au bout son indépendance éditoriale. Dans tous les cas, ce moment a cristallisé un malaise latent et mis en lumière les tensions sous-jacentes entre presse et pouvoir. Alors que la rentrée approche, le nom de la successeure ou du successeur d’Anne-Sophie Lapix reste encore inconnu. Caroline Roux, régulièrement citée, semble réticente à endosser ce rôle. Une chose est sûre : le départ de la journaliste signe la fin d’une époque, marquée par une volonté de faire du journal télévisé un espace d’exigence démocratique.
Parfois le diable se cache dans les détails…
Ce soir, Anne-Sophie Lapix portait le même blazer que lors de la fameuse interview de Jordan Bardella qui a tant fait parler, et qui aurait contribué à fragiliser la journaliste…
Alors message personnel ou simple hasard ? 🙂 pic.twitter.com/LOpoSTUBNk
— Julien (@JulienHut1) May 27, 2025