Le meurtre brutal de Lisa, une adolescente de 17 ans tuée le 20 août dernier, a provoqué une onde de choc nationale. Face à l’émotion suscitée par ce drame, les responsables politiques néerlandais se voient contraints de réfléchir à de nouvelles mesures de protection, en particulier pour les femmes exposées aux violences.
Lors d’une séance parlementaire consacrée à l’affaire, le ministre de la Justice, David van Weel, a confirmé qu’il envisageait de légaliser les bombes lacrymogènes. Actuellement interdites aux Pays-Bas comme en Belgique, ces armes de défense sont déjà disponibles, sous conditions strictes, dans plusieurs pays européens dont la France. Une piste qui suscite autant d’attentes que de débats.
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Meurtre de Lisa : une proposition politique née d’un drame
C’est à la suite des questions du député Derk Boswijk (CDA) que le ministre s’est exprimé sur la possibilité de modifier la législation. Le parlementaire avait plaidé pour un renforcement de la sécurité dans les rues et pour l’instauration d’une mesure immédiate : permettre aux femmes de se munir de sprays lacrymogènes pour se protéger. « Ce n’est pas la solution de fond au problème actuel », a reconnu David van Weel, mais il a concédé qu’il s’agissait d’un « moyen de se défendre en dernier recours ».
Au-delà de la réponse législative, ce projet témoigne de la pression exercée sur les autorités par une opinion publique bouleversée. L’affaire Lisa a mis en lumière un sentiment croissant d’insécurité, notamment chez les jeunes femmes. Le ministre a lui-même exprimé son émotion, en qualifiant le suspect de « monstre » et en soulignant que, comme père de trois filles, il se sentait personnellement affecté par ce crime. La dimension humaine de ce drame dépasse donc le cadre judiciaire, nourrissant un débat sociétal majeur.
Entre émotion collective et solutions imparfaites aux Pays-Bas
Le meurtre de Lisa a provoqué un élan de solidarité rare aux Pays-Bas. Des hommages ont été rendus dans les rues, mais aussi dans les stades de football, où des milliers de supporters ont salué la mémoire de la victime. Cette mobilisation illustre l’impact émotionnel de l’affaire, au point de pousser le gouvernement à envisager des mesures jusque-là impensables dans le pays. Pour de nombreux citoyens, la légalisation des sprays d’autodéfense est devenue un symbole de protection et de justice.
Cette émotion collective s’est traduite par une véritable ruée vers les sprays, notamment ceux dits « colorants » qui recouvrent l’agresseur d’une peinture indélébile durant 24 à 48 heures. Bien que toujours illégaux, ces dispositifs circulent facilement, révélant un fossé entre la loi et les pratiques réelles. La légalisation, si elle est adoptée, ne résoudra pas à elle seule le problème de la violence, mais elle pourrait marquer un tournant dans la manière dont la société néerlandaise conçoit le droit à l’autodéfense. Reste à savoir si cette mesure ponctuelle débouchera sur une véritable stratégie de prévention et de sécurité durable.