Depuis une semaine, les Pays-Bas sont bouleversés par la mort de Lisa, 17 ans. Alors qu’elle rentrait à vélo d’une soirée près d’Amsterdam, l’adolescente a appelé le 112, inquiète d’être suivie. Les secours ont localisé l’appel, mais trop tard. Son corps a été retrouvé à Duivendrecht, à quelques centaines de mètres de la Johan Cruijff Arena.
Mais l’enquête a rapidement mené à l’arrestation d’un homme de 22 ans, déjà impliqué dans une affaire d’agression sexuelle. Les autorités examinent des liens possibles avec d’autres incidents dans le même secteur. Dans les rues, les habitants déposent fleurs et bougies, et un slogan s’impose : « le droit à la nuit ». Au-delà de l’émotion, une immense colère s’exprime désormais.
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Le meurtre brutal de Lisa et une enquête sous tension
Le meurtre de Lisa a choqué par sa rapidité et sa violence. « Tout s’est joué en moins de dix minutes », a confirmé une source proche de l’enquête. Cette brièveté ajoute à l’horreur : l’appel au secours, la disparition, la découverte du corps. La jeunesse de la victime et la proximité du centre d’Amsterdam renforcent l’impression d’un drame qui aurait, de toute évidence, pu toucher n’importe quelle adolescente. Dans les médias néerlandais, de nombreux experts rappellent que la sécurité des femmes dans l’espace public est un problème ancien. Mais trop souvent minimisé jusqu’à ce qu’un drame survienne.
Face à l’émotion nationale, la police avance avec prudence. L’homme arrêté, âgé de 22 ans, avait déjà été condamné pour une infraction sexuelle grave. Son profil inquiète : il correspond à celui d’un prédateur récidiviste. Les enquêteurs cherchent désormais à relier ce crime à d’autres affaires signalées dans la région. « Nous comprenons la colère, mais l’enquête doit suivre son cours », a insisté un porte-parole de la justice. En attendant, les hommages à Lisa se multiplient sur les pistes cyclables d’Amsterdam, transformées en autels improvisés.
La naissance du cri collectif : « le droit à la nuit »
Très vite, le meurtre de Lisa est devenu un symbole. Le hashtag #rechtopdenacht, qui signifie « le droit à la nuit », s’est répandu sur les réseaux sociaux. Des milliers de femmes partagent désormais leur expérience : les clés serrées dans la main en rentrant, les détours pour éviter une rue sombre, les messages « Rentre bien » échangés entre amies. L’actrice et autrice Nienke ’s Gravemade a publié un texte viral affirmant : « Notre liberté ne s’arrête pas à la tombée du jour. » Ces mots, repris en boucle, ont fait de ce hashtag un cri fédérateur.
Le mouvement s’est rapidement matérialisé dans la rue. Des marches « Reclaim the Night » ont été organisées à Amsterdam et dans d’autres villes. Des clubs ont annoncé des mesures pour mieux accompagner les sorties nocturnes de leurs clientes. Sur X et Instagram, les témoignages affluent, crus et puissants. « La nuit aussi nous appartient », proclament les pancartes et les bios. La mobilisation dépasse désormais les frontières néerlandaises : en Belgique, en Allemagne et en France, des associations féministes s’en inspirent pour relancer le débat européen sur la sécurité des femmes dans l’espace public.