Paris : deux hommes urinent sur une femme sans-abri et ses enfants

Entourées de 250 autres personnes — dont une centaine d’enfants – une mère et ses deux filles dormaient à même le sol sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris (IVe). Depuis le début de la semaine, cette famille composée d’une mère enceinte et ses deux petites filles de 6 ans et 14 mois, était venue demander une mise à l’abri. Mais au beau milieu de la nuit du samedi 9 au dimanche 10 août, elles ont toutes les trois été victimes d’une terrible humiliation. Aux alentours d’une heure du matin, deux individus, âgés d’une vingtaine d’années, ont volontairement uriné sur cette femme enceinte et ses deux enfants.

Selon l’association Utopia 56 Paris, organisatrice du rassemblement depuis mardi soir, l’aînée aurait même reçu des gouttes d’urine sur le visage. Des faits « d’une extrême gravité », a dénoncé l’association, qui a déposé une main courante. « Dans un premier temps, la maman voulait porter plainte mais elle s’est ravisée, de peur que cela aggrave sa situation », a fait savoir Nathan Lequeux, coordinateur de l’association.

Une femme enceinte et ses deux filles sans-abris humiliées à Paris

« Depuis, ma fille n’arrive pas à dormir. Elle dit qu’on va revenir lui pisser dessus, elle n’arrête pas de pleurer et d’autres enfants se moquent d’elle », a témoigné ce lundi matin la mère de famille. « Je suis fatiguée. Depuis que je suis en France, je suis épuisée et je n’ai pas envie de m’ajouter des problèmes », a-t-elle également regretté.

Toujours d’après l’association Utopia 56, les deux auteurs présumés de cette agression ont pris la fuite avant que l’un d’entre eux ne soit finalement interpellé par deux policiers. Sollicitée par Le Parisien, la préfecture de police n’a pour l’heure pas répondu, mais le parquet de Paris a confirmé l’ouverture d’une enquête pour « violences en réunion ». Pour l’association, cette agression est un véritable choc, mais n’a rien d’un hasard.

Un geste volontaire

Le dimanche, les équipes d’Utopia 56 se sont rapidement mobilisées pour laver et remplacer les affaires de la famille, « extrêmement choquée » par cette agression. Et ce, à commencer par les couvertures imbibées d’urine. Pour Nathan Lequeux, cette attaque n’est pas le fruit du hasard, mais bien un geste volontaire et ciblé. « On n’est pas sur le cas des mecs bourrés qui ne savaient pas où ils pissaient », a-t-il déclaré.

« Dès qu’un bénévole s’est approché d’eux, ils ont directement pris la fuite. Ça montre bien que l’acte a été prémédité et qu’ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient », a ensuite poursuivi le coordinateur.  « On a franchi un degré d’inhumanité et d’ignominies racistes qui fait que les gens se lâchent complètement. La parole raciste se libère, se déchaîne et ça permet ce genre d’actes inhumains », a aussi assuré Nathan Lequeux, qui a rapidement fait le lien entre cette agression et des « milliers de messages de haine à caractère raciste, émanant de sphères d’extrême droite, (qui) visent directement les personnes présentes sur place ».

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