Le 17 mai 2025, le monde du rap français a perdu l’un de ses talents les plus prometteurs. Werenoi, 31 ans à peine, est décédé des suites d’une défaillance cardiaque multiviscérale. Originaire de Montreuil, le jeune artiste, de son vrai nom Jérémy Bana Owona, avait connu une ascension fulgurante, s’imposant en quelques années comme une voix puissante de la rue.
Son décès brutal a pris tout le monde de court. « J’ai le cœur en miettes », écrivait sa mère dans un message poignant, partagé quelques heures après l’annonce. Alors que les fans multipliaient les hommages sur les réseaux, une question douloureuse se posait : comment honorer sa mémoire ? Trois jours après sa disparition, une foule immense s’est réunie pour lui dire un dernier adieu, dans une ambiance empreinte de tristesse et de sobriété.
Sur le même sujet
Un dernier hommage bouleversant à Werenoi
Le 20 mai 2025, les obsèques de Werenoi se sont tenues à la grande mosquée de Rosny-sous-Bois, en présence de centaines de proches, d’admirateurs et de figures du rap. La cérémonie s’est déroulée sans musique, dans un silence presque sacré, interdiction de filmer ou photographier, par respect pour la famille. Aux alentours de 15 heures, le corps de l’artiste a été inhumé au cimetière de Montreuil, sa ville de cœur. Plus d’un millier de personnes présentes, selon les estimations, ont formé une marée humaine silencieuse et digne. Certains, encore sous le choc, peinaient à croire à sa disparition. « Au début, on n’y croyait pas. On pensait que c’était de la désinformation, que c’était des fake news, que c’était faux. Mais au final, on a vu que c’était vrai. Ça fait quand même un choc », ont confié des fans à RTL.
Parmi les témoignages marquants, celui de Myriam, 25 ans, auprès du Parisien : « On est là pour le remercier car on l’écoutait, nos daronnes l’écoutaient… C’est comme si on avait perdu une voix : c‘était un peu le haut-parleur de Montreuil. Ses paroles, elles vont rester. C’est nos vies qu’il représentait ». Si certains internautes ont critiqué « l’idolâtrie » et l’ampleur de la mobilisation, d’autres y ont vu le signe clair d’un artiste profondément aimé, dont les textes résonnaient avec le vécu d’un grand nombre.
Héritage disputé, tensions révélées
Mais à peine le deuil amorcé, les premières querelles éclatent. Moins d’une semaine après sa mort, une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny pour « vol aggravé et extorsion ». Une plainte a été déposée par une compagne présumée de Werenoi, qui affirme avoir été agressée par son manageur, Babiry Sacko (alias Babs). L’homme l’accuse d’avoir détourné plus d’un million d’euros appartenant au rappeur. D’après le témoignage du manageur, recueilli par Le Parisien, la jeune femme aurait profité de la vulnérabilité du rappeur, en fin de vie :
La personne dont vous parlez vit à Dubaï et a disparu avec un million d’euros appartenant à Werenoi. Elle prétend avoir eu une relation avec lui. Elle lui a fait miroiter des choses et l’a convaincu de déposer un million d’euros sur un compte à Dubaï. Quand il est tombé malade et a voulu rentrer en France, il n’arrivait pas à récupérer sa carte bancaire. Sa santé s’aggravait de jour et jour et il avait besoin de son argent. Il est rentré trop tard et est mort le lendemain.
Babs, aujourd’hui visé par une plainte, affirme ne pas redouter les poursuites, prêt à tout pour récupérer les fonds au nom de la famille. « Nous vivons un enfer. Je ne la laisserai pas s’en tirer comme ça », affirme-t-il. De son côté, la jeune femme soutient que l’argent lui avait été offert par Werenoi, de son vivant.
Face à ces tensions, la mère de l’artiste a elle aussi brisé le silence dans un message Facebook bouleversant, et dénonce « les complots et guerres de dynastie ». À peine disparu, Werenoi laisse derrière lui non seulement un vide immense dans le monde du rap. Mais aussi un héritage qui divise, exposant les fractures intimes d’un entourage encore ébranlé.