Clovis, jeune engagé dans l’armée, a toujours rêvé d’intégrer le prestigieux 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Castres. Mais à peine arrivé, ce rêve tourne au cauchemar. Dans un témoignage bouleversant accordé à BFMTV, il raconte les violences physiques, les humiliations et le harcèlement moral répétés qu’il dit avoir subis de la part de ses supérieurs.
Son récit, loin d’être isolé, s’inscrit dans une vague plus large de dénonciations. Trois autres soldats ont également déposé plainte. Tous dénoncent des pratiques de bizutage dégradantes, des menaces explicites, et un système de silence pesant dans lequel la hiérarchie semble complice, voire instigatrice. Une affaire qui secoue l’armée française. Et appelle à une introspection profonde de ses méthodes.
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Un quotidien marqué par la violence et l’humiliation pour les soldats
Dès son intégration en juillet 2021, Clovis est confronté à une brutalité qu’il n’imaginait pas possible dans un cadre militaire aussi encadré. « Tu es une merde ! », lui lance un supérieur dès les premières semaines. « Je vais faire en sorte que tu arrives dernier de ta formation. » Le ton est donné. Pendant près de quatre ans, Clovis affirme avoir été victime de pressions constantes, poussant même à la désertion ou à des idées suicidaires. Malgré ces souffrances dans l’armée, il tente de s’accrocher : « J’étais au moins fier d’avoir sauté en parachute, ça ils ne pourront pas me l’enlever. » Le bizutage, maquillé en « tradition », prend des tournures sordides. Clovis raconte avoir été contraint de participer à des « tests » impliquant l’ingestion d’un cocktail infâme, mélangé à de l’alcool, des poils pubiens et du sperme.
Je dis non, je ne le ferai pas. Et ils rétorquaient : ‘Ah, on va voir si tu ne veux pas faire ça’.
Son refus le place alors au centre de représailles collectives. Déclenchées par ses propres camarades, sous la pression de la hiérarchie. Mis à l’écart, humilié, Clovis finit par être placé en arrêt maladie fin 2024, incapable de continuer à subir. L’escalade de violences atteint son paroxysme en septembre 2023. Dès lors, Clovis subit une agression physique par trois cadres dans une chambre du régiment de l’armée.
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Le chef de section commence : ‘On va te péter la gueule’. Puis il me bascule en arrière, m’étrangle et m’empêche de respirer.
Des enregistrements sonores réalisés en secret par d’autres soldats viennent confirmer les propos de Clovis. On y entend clairement des supérieurs de l’armée proférer des menaces explicites. « Tu vas devenir la pute de la compagnie », ou encore « Je vais transformer ton trou de balle en un hangar à A400M ».
L’armée face à ses responsabilités
Ces preuves ont motivé le dépôt de quatre plaintes, le 9 mai 2025, contre le ministère des Armées. Et contre une quinzaine de supérieurs du 8e RPIMa. Trois des plaignants ont depuis quitté l’armée. Clovis, lui, reste marqué physiquement et psychologiquement. Mais il refuse désormais de se taire. Il affirme ne pas être un cas à part. Puis il évoque notamment un camarade ayant tenté de se suicider lors d’une mission en Roumanie. « Il s’agit d’une action de jeunes hommes extrêmement courageux », a salué Me Thibault Laforcade, avocat des plaignants. Pour lui, ces témoignages visent à faire changer des pratiques profondément enracinées au sein de certaines unités.
Dans un courrier adressé au ministre des Armées, il exhorte à « prendre toutes les mesures qui s’imposent pour remédier à ces difficultés systémiques ». Selon ses informations, une vingtaine de soldats ou anciens soldats auraient subi des traitements similaires. Face à l’ampleur de l’affaire, l’armée de Terre a ouvert une enquête interne. Le ministère a assuré à l’AFP qu’il prenait « très au sérieux ces accusations ». Et qu’il les « condamne fermement ». En outre, si les faits sont avérés, « des sanctions disciplinaires lourdes seront prises à l’encontre des responsables ». Reste à savoir si cette enquête marquera un tournant dans la lutte contre les abus internes à l’armée. Ou si, une fois encore, l’omerta militaire prévaudra.